Les temps sont durs pour Larry. Sa femme le quitte, son frère est un poids et l'un de ses étudiants le harcèle. Un chef-d'œuvre d'humour noir des frères Coen, imprégné de folklore juif et de souvenirs d'enfance.
1967, dans une petite communauté juive du Midwest. Professeur à l'université, père de deux adolescents pénibles, Larry attend anxieusement sa titularisation. Ce juif pratiquant s'efforce de faire le bien autour de lui : il héberge son frère Arthur, chômeur et inadapté à la vie en société, pour un temps que toute la famille espère bref. Deux semaines avant la bar-mitsva de Danny, leur fils, Judith, son épouse, annonce à Larry qu'elle le quitte pour un de leurs amis, le sirupeux Sy Ableman, et qu'elle désire un guet, un divorce rituel. Au bureau, Larry est harcelé par un étudiant coréen, qui lui demande de valider des partiels qu'il a ratés et lui a subrepticement laissé une enveloppe pleine de billets. Bientôt, Larry se retrouve installé au Jolly Rodger, le motel du coin, en compagnie d'Arthur.
JEU DE PISTE MÉTAPHYSIQUE
Pour écrire ce film, les frères Coen se sont plongés dans leurs souvenirs d'enfance : la communauté juive un peu décalée de la banlieue de Minneapolis où ils ont grandi, un héros universitaire comme leurs parents et le personnage de Danny, plus intéressé par la fumette et la pop que par la Torah, calqué sur les sales gosses qu'ils étaient à l'époque. Aussi noir que les précédents films des Coen mais moins acide, A serious man s'autorise un œil tendre sur son infortuné héros – magistralement interprété par une star de Broadway, Michael Stuhlbarg – sur lequel s'abattent toutes les "emmerdes" du monde. Pourquoi lui ? Alors qu'il s'efforce de mener une vie exemplaire et qu'il se demande encore après que sa femme a pris l'argent du couple si ce n'est pas "malhonnête" d'ouvrir un compte séparément ? À cette question, les frères Coen n'apportent que des réponses sibyllines, sous forme de savoureux indices disséminés tout au long du film : la fable fantastique du début ou les conseils énigmatiques des multiples rabbins à qui Larry confie son désarroi. Jeu de piste métaphysique à l'issue incertaine, imprégné de culture et de culpabilité juives, A serious man est un chef-d'œuvre d'humour noir et de maîtrise formelle. Si le ciel s'obscurcit pour Larry, chaque plan, brillamment cadré, joué et mis en scène, se révèle jubilatoire.